Évaluation N°1 - Français (Tronc Commun) - 1er Semestre

Le jour se levait lentement sur le village endormi. Un voile de brume couvrait encore les champs, et les toits des maisons luisaient sous la rosée du matin. Au loin, on entendait le chant timide d’un coq et le bruit doux d’une rivière qui serpentait entre les arbres. Julien marchait seul sur le petit chemin de terre, son sac usé sur l’épaule, le cœur serré. Il devait quitter sa maison, sa mère et tout ce qu’il aimait pour rejoindre la ville et travailler à l’usine.

La veille encore, il avait longuement regardé les murs de sa chambre, les objets simples de sa vie d'enfant. Chaque chose semblait lui dire adieu. À présent, il avançait vers un monde inconnu, sans savoir ce qui l'attendait.

Sa mère l'accompagnait jusqu'au vieux pont, celui qui marquait la limite du village. Elle ne disait rien. Le silence entre eux était lourd, plein de tout ce qu'ils n'avaient pas su se dire. Son pas était lent, son visage pâle, et ses yeux brillaient d'un éclat humide. Julien, lui, marchait droit, le regard fixé devant lui, essayant de cacher son émotion.

À l'entrée du pont, il s'arrêta. Le vent du matin souleva légèrement ses cheveux. Il se retourna et vit les yeux de sa mère, pleins de tendresse et de douleur.

— Maman…, murmura-t-il d'une voix tremblante.
— Va, mon fils. N'aie pas peur. Travaille, sois fort, répondit-elle en essayant de sourire.

Julien hocha la tête. Il aurait voulu l'embrasser encore une fois, mais il sentit que s'il s'approchait, il ne trouverait plus la force de partir. Alors il prit une grande inspiration et s'engagea sur le pont.

Le vent frais du matin caressa son visage et fit danser la brume au-dessus de l'eau. Chaque pas qu'il faisait semblait l'éloigner un peu plus de son enfance. Il entendait derrière lui le froissement léger de la robe de sa mère, puis plus rien. Le silence. Il n'osa pas se retourner tout de suite.

Quand il arriva de l'autre côté, il fit enfin volte-face. Le pont semblait plus long qu'avant. Sa mère n'était plus là. Elle avait disparu dans la brume, comme un rêve qu'on oublie au réveil. Un instant, Julien resta immobile, les yeux humides. Il comprit alors que sa vie venait de commencer — une vie nouvelle, plus dure sans doute, mais pleine d'espérance et de promesses.